Face aux vétérans

S’il y a un domaine d’expression qui a remarquablement évolué ces derniers temps, c’est sans doute le dessin satirique (que ce soit caricatures ou bande dessinée). Cette évolution ne vient pas du vide, plusieurs des jeunes dessinateurs que tout le monde a célébré après le 14 janvier 2011, n’ont pas attendu cette date pour exprimer leurs critiques envers ce qui se passait en Tunisie. Que ce soit de manière ouverte, comme Z par exemple, ou de manière plus subtile, subtilité ramenant avec elle un lot de contrôle et de surveillance policière. Ce dont on est sûr, du moins, c’est l’absence -pour le moins- flagrante des « vieux » auparavant, sauf quand il s’agissait de redorer le blouson du système. D’ailleurs ils y vont fort pour redorer le blouson du système. N’importe quel système. Une longue période d’aliénation bovine fait que, même aprés le départ de Ben Ali, ils continuent à cogiter avec son vide. ça, le système, les vieux le connaissent. Ils l’ont fait, chacun de son côté. Que ce soit Ben Ali, Bourguiba, Ghannouchi ou même Oussama Darragi, ils continueront d’être le système, en imposant leurs échelles de valeur comme vérité absolue. Vous voulez des preuves?? Il suffit de lire le dernier « Hors Série » de La Presse, sur le dessin en Tunisie. Les jeunes en sont exclus, sinon raillés et moqués par ces vieux qui savent si bien ne rien faire de bien. Z, Flask, Willis From Tunis et tant d’autres (Bakou Nawwar par exemple) qu’on ne lira pas dans cet Hors Série sur le dessin de presse en Tunisie. Voici leur réponse, à laquelle j’aimerais bien ajouter ma signature :

Un hors série du journal « La Presse », paru le 3 décembre dernier, nous propose de retracer l’histoire du dessin en Tunisie sous le titre « Vive la Révolution ». 
Chouette ambition et sacré challenge pour le quotidien. 
Le propos n’est pas d’attaquer la Presse. L’ensemble des médias, avant le 14 janvier, était contraint de servir la soupe à la dictature. Il est clair qu’on pouvait la servir plus ou moins bien et que la compétence n’était pas la seule qualité requise pour exercer son métier. 
Mais depuis la Révolution, n’importe qui, ne connaissant pas un sujet, et a fortiori les journalistes et rédacteurs, peuvent aller faire quelques recherches pour être le plus sérieux et le plus complet possibles. A moins qu’on ne le veuille pas pour d’autres motivations moins avouables.
Il n’est pas question de distribuer les bons et les mauvais points ici. Mais le sérieux dans les choix de ce hors série laisse à désirer, à moins que cela soit un parti pris dont s’expliqueront peut être les auteurs.
Par exemple, on se réjouit de voir Plantu, amoureux de la Liberté d’Expression s’il en est, se prêter à une interview pour faire connaître l’association Cartooning for Peace. Pourtant l’intérêt du journal « la Presse » n’a pas été jusqu’à parler du travail de dessinateurs Tunisiens de Cartonning for Peace . Pourquoi ignorer et passer sous silence des personnes qui ont sorti des livres, exposés, donnés des conférences ou reçus des prix pour leur travail.
Ce hors-série s’affiche comme étant sans prétention et perfectible. On lui concède aisément notamment en ce qui concerne l’écriture de l’Histoire du dessin en Tunisie. Peut-être que cette révolution n’est pas encore arrivées dans la tête de tout le monde et que les « anciennes pratiques » perdurent encore. Pour combien de temps ? 
Une conclusion pourrait s’imposer : Ecrire « Vive la Révolution », c’est très différent de « Vivre la Révolution » mais cela permet, pour certains, de se refaire une virginité.

 « la nouvelle star academy »