La violence à l’encontre des femmes : quel cliché de militantisme citadin. Voici la première réaction se voulant « non machiste ». De toutes manières, on le sait tous, chacun tape sur les nerfs de chacun. Et parfois ça finit par arriver.
En y réfléchissant un peu, on découvre aisément que c’est ce que se dirait un policier pensant aux victimes de « mauvais traitement ». Parfois « excuser » porte le manteau de « comprendre ». Or l’acte de « comprendre » est beaucoup plus dense et valide que l’excuse. Comprendre ne se suffit pas aux exigences actuelles des « actuels », mais s’étend pour englober la réalité aux éléments de son devenir.
Violence contre les femmes! On arrive aisément à cerner quelques victimes, et tout le monde déteste les bourreaux ( tant qu’ils sont indéfinis ) . Mais qui sont-ils ces bourreaux???
Il m’est difficile de l’énoncer, connaissant ce que je risque d’y perdre. Ceci dit, il faudrait bien que ça finisse par être dit, quelque part, par quelqu’un.
Garçon se voulant (se déclarant aussi, c’est le cas de le dire) progressiste, j’ai agressé la femme que j’aimais. J’avais mes excuses, j’en ai pleins. Bagarre, caprices et situations impossibles, les mains sont sorties . Je n’oublierais jamais son regard. Cette femme qui me regardait toujours avec des yeux scintillants. Elle avait les yeux ouverts, avec une horreur glaçante, comme si elle regardait un monstre. Ce monstre ne fut autre que moi. Ayant levé la main, l’avalanche de coups et de contre-coups s’en est suivie. Excuses, j’en ai des milliers ! Et je pourrais vous en convaincre, et en convaincre toute la Terre s’il le faut. Mais mes récits n’intéressent que « Excuser ». Quant à « Comprendre », seul valide parmi tous comme le disait mon cher Spinoza, ses perspectives sont ailleurs.
Ce jour là, il n’y avait pas que moi et elle et nos subjectivités coincées dans un petit appartement. Il y avait surtout son devenir et le mien. Garçon, j’ai toujours été gâté par ma société. On ne cessait de me répéter que j’avais droit à tout, et une suprématie naturelle. Même résistant par la pensée, je continue de profiter même sans le vouloir de cette suprématie. Il m’est plus facile de jouir, il m’est plus facile de décider ma vie, il m’est plus facile de putain de marcher dans la rue. Et cela chaque jour. Rien ne m’oblige à me trouver dégoûtant un tas de jour par mois. Procréer arrivera le jour ou j’en aurais l’envie luxueuse. On ne me demande pas la reproduction comme justificatif d’existence. On ne peut activer le « Comprendre » sans prendre cela en considération.
Devant cela, mes considérations deviennent nulles. Quelque chose faisait que sa gifle me sonne plus grave que mes coups. Alors que, à la base, rien ne se résout à coup de coups. Encore moins entre un non-affaibli et un affaibli. Et là on ne parle pas de non-égalité, mais de non équivalence par le fait. On ne peut se mesurer à un pénalisé d’office qu’en s’appliquant la même pénalisation.
Ce jour-là, je n’avais pas eu le courage de le faire. « Tu m’énerves, je te tape ». L’aurais-je fait avec un ami mec??? Sincèrement, je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que je ne l’ai pas fait. Ce qui n’est pas vraiment un argument en ma faveur.
Coup contre coup. Réconciliation, puis inter-perte irréversible.
Un bon moment, j’ai été dans le déni. Excuse après excuse. Déni et non rejet, parce que face à la rigueur de la logique formelle je me voyais agresseur. Comme ceux que j’ose prétendre passer mon temps à combattre.
Un jour, une amie m’a dit que la véritable bataille est celle contre soi. Je lui parlais de cette même femme perdue, tel un paradis. Ce « mot-bateau » ne m’avait jamais semblé aussi clairement imagé. Je porte en moi les maladies de ma société, et je m’en excuse. Pour les conséquences qui n’en ont rien à foutre de mes intentions.
Ni fleurs, ni excuses ne peuvent effacer cela. Et c’est en ayant vécu l’expérience de l’agressé par des « plus favorisés » que je sais le dire.
En écrivant ceci, je me sens petit.
Je m’excuse de ne pas être toujours à la hauteur de mes idées et principes. Simple mortel, ma seule défense est que personne n’est dieu, et personne n’est diable.
Je m’excuse.