« Quand on veut, on peut ». Jamais un adage ne m’a semblé aussi imposteur, sournois, cruel et mensonger. Sautant du haut d’une montagne, tu as beau crier « I believe i can fly », tu finiras en milliers de morceaux répartis sur les différentes roches. Tu as beau vouloir offrir à tes enfants le meilleur des cadeaux, sans salaire ce n’est que ton intention enveloppée de mots que tu pourras offrir. « Quand on veut, on peut », plus qu’une règle de vérité, tel adage est sorti en épée contre tous les insoumis par le fait aux règles de la réussite sociale. On le dit en se basant sur cet amalgame entre « vouloir » et « désirer ». Et sur l’amalgame des deux mots extractibles du verbe « vouloir » : volonté et vouloir. Si tu n’y arrives pas, c’est que ta volonté est biaisée. Vite, sortons l’elixir magique de la « croyance ». Nul besoin de « savoir » pour arriver à concrétiser son désir, il faut juste y croire et cette croyance se transforme en ce truc magique célébré dans toutes les « success story ». Tout est de ta faute, cher ami bloqué dans les méandres de la vie.
« Quand on veut, on peut », propos démuni de validité logique, comme tout slogan dogmatique ne servant qu’à perpétuer un état d’hégémonie et de domination. Ne l’entend-on partout dans ces événements de parlotte ou on célèbre les « success story »??? Evénements ressemblant à une véritable forme de prière paienne au Dieu du succés calculé par la valeur-monnaie. On y voit tel dépressif monter sur scène et nous énumérer joyeusement les éléments de sa dépression chronique, on y voit tel kleptomane nous habiller ses justificatifs ou tel névrosé obsessionnel nous faire le dépistage poétique de ses symptômes si chers à l’audimat. Ce sont déjà des « réussites sociales », bien qu’aucun ne se sente réussi. Mais ils ont des éléments filables dans un récit, théorisant encore cet axiome défectueux [vouloir-pouvoir]. Et toute la mise en scène se passe à coups d’applaudissements et de phrases-éclats dont le seul sens est de justifier la présence du speaker sur scène. Et de lui fournir l’alibi onaniste d’une réussite que les autres voient en lui et qu’il ne ressent pas. Une toile d’araignée coinçant tout le monde et auquel tout le monde participe. Ce qui devrait être une arène d’asile psychiatrique se mue en scène de réussite.
« Quand on veut, … » Alors comment faire avec l’expression, sans céder à son image symétrique??? Car tant ce propos ne tient pas logiquement, son inverse hérite de cette même propriété logique. D’abord, faudrait-il corriger les faux-semblants induits par ce propos. Nous sommes dores et déjà bornés par ce que nous ne contrôlons pas et ne pourrons jamais contrôler.Cet élément primaire devant lequel chaque créature abdique, et qui s’appelle Nature et ses lois. Avant de vouloir il faudrait apprendre à savoir pour pouvoir dessiner ses asymptotes dynamiques, ce que certains appellent « conditions objectives ». Autre chose qu’il faudrait corriger, c’est l’étendue de notre « pouvoir ». Ce qui est en notre pouvoir peut être cerné par des limites, c’est vrai. Mais il ne faudrait pas oublier qu’il reste un groupe probabiliste infini. Comme cette infinité de probabilités qu’on trouve entre le 0 et le 1. Et notre vouloir sert à concrétiser et multiplier ces millions de milliards de possibilités changeantes avec le temps et l’espace. Ce qui limite mes pouvoirs ici et maintenant ne sera pas ce qui limite un autre ici-maintenant, ce qui entraine un changement de l’étendue de mon pouvoir. Ces concrétisations sembleraient à un grand tableau de poussières d’étoiles dont certaines s’illuminent au temps de concrétisation, au temps ou ta volonté coïncide avec ton pouvoir grâce au savoir qui a permis cela. Si tu désires la richesse, avant d’y engager ton vouloir et ta volonté, commence par reconnaître ce que t’est la richesse avant tout. Puis relis ce que tu as en ton pouvoir en prenant conscience de ce que sont tes conditions objectives. Inutile de continuer …
« Quand on sait, on peut » voici ce qui serait moins prétentieux.